Un gamin de la ville, il a toujours été ça. Déjà petit, sa vie était rythmée par les brouhahas de New York : The city which never sleeps.
Réveillé chaque matin par le bruit des sirènes hurlantes, par les lumièr
es des gyrophares, fallait penser que la police ne poursuivait les criminels qu’aux aurores.
Un gamin comme les autres, chétif et maigrichon, un peu renfermé. Il se lève du canapé où il dort et va prendre son petit déjeun
er. En passant il jette un coup d’œil morne à la chambre de sa mère, il pousse la porte d’un geste las et soupire. Le lit est vide, fait, personne n’est venu dormir cette nuit : sa mère n’est pas rentrée hier soir. Mais c’est comme ça, ça a toujours été comme ça.
Mâchonnant distraitement ses céréales bon marché, il observe les coloran
ts de celles-ci se disperser dans la blancheur du lait. Ces arabesques multicolor
es prennent sous ses yeux des formes diverses, s’animent : ici un papillon prend son envol et part butiner une fleur gigantesq
ue,
là un homme court après son chien…
La Radio grésille et crache les résultats du match de base-ball d’hier soir, son crachotement se mêlant à la cohue de la rue : on déménage les poubelles, on se hurle dessus.
Le garçon enfile ses baskets mitées, prend son sac et sort de l’appartement. Il ferme la porte derrière lui, la faisant claquer deux fois tant celle-ci est rouillée, et dévale d’un pas lent le long et glissant escalier en colimaçon et aux marches inégales qui serpente le long de la charpente du vieil immeuble où il habite.
Dans la rue il fait déjà chaud, c’est l’été, bientôt la fin de l’école, mais le petit ne pense pas vraiment aux vacances, les vacances comme chaque ann
ée il les passera dans son quartier. L’air sens déjà les égouts et les ordures qu’on laisse trainer en plein soleil en attente de ramassage. Les voitures passent et repassent sur les grandes avenues, colorant l’air ambia
nt de leurs volutes nocives. L’enfant regarde ses pieds, il regarde par terre le bitume abimé et observe chaque fissure dans le béton alors qu’il marche d’un pas lent vers le petit collège de son quartier.
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« Voyons Thomas, ce n’est pas possible d’être distrait en cours à ce point. Certains de tes professeurs sont très mécontents tu sais ? »
« … »
« Écoute… Tu n’es pourtant pas un mauvais élève. Tu es très intéressé par ple
in de choses et Mr Fitzgerald, ton professeur d’art plastique ne tar
it pas d’éloges à ton égard, il dit que tu es très doué. »
« … »
« Écoute… C’est bien d’aimer les arts, mais il faut aussi accorder son attention aux mathématiques par exemples. Même si ça te parait ennuyeux. L’école c’est important même si c’est pas toujours marrant. »
« … »
« Allez file, et je vais régler cette histoire avec tes camarades promis. »
Thomas ne se fit pas prier et détala comme un lapin du bureau du proviseur. L’homme s’enfonça dans son fauteuil et lâcha un soupire, son assistante, une jolie jeune femme passa sa tête par l’entrebâillement de la porte.
« Monsieur ? Je n’ai toujours pas réussi à joindre la mère de Thomas Lewis, cela fait tout de même une semaine que je laisse des messages c’est étrange… Et tenez, voilà le rapport du conseiller d’orientation psychologue, c’est tout de même bizarre… »
« Quoi donc ? »
« Eh bien, il dit que les camarades de Thomas l’accusent de mythomanie et le trouve
nt étrange. Et puis ils le charrient beaucoup sur sa mère, cette femme m’a l’air bizarre. Oh… Et il pas
se beaucoup plus de temps à l’infirmerie que les autr
es années, il se plaint de migrain
es atroces et ses malaises sont de plus en fréquen
ts… Monsieur, c’est inquiétant tout de même… »
« J’ai bien essayé de signaler son problème aux services sociaux, mais je n’ai toujours pas eu de répon
se. La seule chose que l’on peut faire c’est essayer de le garder sur le droit chemin. La délinquance chez les jeunes vient souvent de problèmes familiaux… »
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« OOooooh OOOhhhh wWWHAAAAAA-AAH-aaaah … ouhouh. »
_ the great gig in the sky.
Une main caresse le papier du bout de ses doigts noir
cis par le fusain. U
ne courbe ici, une contre courbe là. Un allia
ge de rondeur et c’est la vie qui prend pied sur cette surface plane.
Le jeune homme, un adolescent écrase sa cigarette dans un cendrier, et écoute un instant son vieux vinyle des Pink Floyd crachoter son irrésistible venin, la cantatrice s’époumonant dans d’éloquentes vocalises. La pièce est un véritable bazar, des feuilles jonchent le sol tandis que çà et là trainent des tubes de peintu
re et d’autres outils d’artiste. Devant le brun s’étend une feuille gigantesque, il admire l’œuvre qu’il vient de produire : tout en charbon de bois, un corps semble dormir sur cette feuille, il n’est point Pygmalion et pourtant la vie s’insuffle dans ce corps dont on pourrait entendre les flots de sang coulant dans les veines et le cœur battre à travers le papier.
Un homme s’approche de Thomas, et pause sa main sur son épaule, le faisant chanceler… est-il fatigué ? Oui, il l’a l’air, fébrile si fébrile il semble une pâle copie de verre. Le vinyle a déjà fini de jouer depuis longtemps et le plus âgé se décide à rompre le Silence.
« Cette fois ci c’est bon Thomas, il est parfait. »
Il aide le garçon à se relever et tous deux sortent de l’atelier, derrière eux, u
ne pile de feuill
es gigantesque s’envole… toutes sans exception représentent ce corps, ce seul et même corps, identique à celui qu’il vient de réaliser.
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« Il est enfo
ui< dans la crasse des vertus des feuilles vertes… Jamais celui dont l’arbre n’est point vert… Ne verra pour lui s’ouvrir le monde des élitistes… Dépeint dans sa douleur… »
« Maman… Qu’est-ce que tu veux dire… »
Thomas est plus âgé maintenant. Il arrache la bouteille des mains de sa mère et l’aide à aller se coucher.
Quand enfin elle finit de parler il va à la fenêtre de leur minuscule appartement et fume, cigarette sur cigarette.
Il a peur.
Il a peur des crises de sa mère et de ses paroles qu’il sait être véridiqu
es et lui étant destinée.
Mais avant tout il a peur de lui.
Il a remarqué depuis quelques temps qu’il n’est pas normal, qu’il a un problème.
Il était normal étant enfant qu’il s’imagine des choses, qu’il ait un, voire plusieurs amis imaginaires…
Mais il était adulte maintenant, et pourtant il continuait à voir la réalité différemment des autres, il ne savait d’ailleurs pas différencier la réalité et son imaginaire. Pourquoi cet objet me parle ? Quelles étranges couleurs ? Ce serpent à l’air si réel, sa morsure si douloureuse. Non … non il n’est pas dans ma tête non il est là… non…
Et, ce qu’il prenait pour des migrain
es et des malaises étant plus jeune, ont fini par s’accentuer, par devenir plus dur et plus fort.
Il a peur.
Il devient comme sa mère.
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Un cri de douleur déchira l’air. Rageusement les larmes dévalèrent le long de ses joues creuses alors qu’il déchirait la lettre, objet de sa rage.
« Thomas… »
Mais Thomas n’écoutait pas son vieux professeur d’art, il était perdu dans un abime de souffrance et d’injustice. Dans une attitude violente qui ne lui ressemblait pourtant pas, il frappa le mur en face de lui… encore… et encore… jusqu’à ce que ses mains saignent… jusqu’à ce que le vieil homme, malgré son âge, le gifle violemment et le prenne dans ses bras… Et les larmes redoublèrent à flot sur le visage du jeune homme. Et quel visage. Il semblait fatigué, exténué tant les traits étaient tirés et les cernes profondes sous ses yeux brouillés.
« Mr Fitzgerald… J-j’ai tellement travaillé… J’étais le meilleur ... je sais que j’étais le meilleur ! Alors pourquoi … J-j-j »
« Chut Thomas… calme toi… c’est comme ça, on y peut rien.. »
Mais au fond de lui l’homme savait que c’était injuste.
C’était la cinquième école d’art qui refusait son protégé. Et pourtant, celui-ci surpassait nettement certains de ses congénères, il méritait sa place dans les plus prestigieuses écoles. Mais son rang social jouait contre lui : qui voudrait d’un gamin de Manhattan, fils de prostituée à moitié folle, descendant d’immigrés et qui a été déclaré inadapté social, fou et mythomane dans ses dossiers de collège. Et le pauvre jeune avait beau suer sang et eau, jamais malgré son talent, jamais il ne serait accep
té sans argent.
La société voulait qu’il crève dans la rue.
La société voulait qu’il finisse dans un asile.
La société voulait lui foutre la cervelle en bouille à cause de médicaments.
La société ne voulait pas de lui. Pas de gens comme lui.
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Aujourd’hui ma vie plus qu’un autre jour est un merdier sans nom.
Ma mère a été intern
ée.
Je ne suis toujours pas accepté dans les écoles qui me font rêver.
Mr Fitzgerald est mort, John aussi.
Je suis une sombre merde. U
ne putain de sombre merde. Un déchet. Ou même pire… tellement pire. Une vieille loque. J’ai mal punaise, j’ai tellement mal.
Et je crois que j’aurai encore plus mal si je pouvais me voir
à l’instant
Je ne peux même plus me lever de la paillasse ou je suis allongé, Est-ce que je sais au moins où je suis ?
Est-ce que je suis mort ou en train de rêver ?
Non, j’dois encore être dans ce squat pommé au fond de Manhattan.
Mes narines me font mal, et j’ai encore et toujours ce gout de sang poisseux dans la bouche.
Mais au moins ici, personne ne pose de question. J’ai même pas été obligé de leur dire comment je m’appelle, ils m’appellent : Major Tom.
Major Tom désigne la cocaïne dans les chansons de Bowie.
Major Tom c’est moi.
Can you hear me Major Tom ?
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Après l’annonce de son énième refus Thomas partit.
Il partit et entra dans n’importe quel bar, il avait 21 ans maintenant, les gens lui foutaient la paix.
Il prit un verre, puis deux, puis trois. Puis il fit de mauvaises rencontr
es, c’est vrai l’alcool délie les langu
es et déforme la réalité. Il avait le cœur meurtri et la perspective de se sentir un peu mieux pouvait le faire accepter n’importe quoi. De prendre n’importe quoi.
Bien s
ûr son addiction aux stupéfiants, ne se fit pas en un jour, oh non.
Ce fut beaucoup plus lent et pernicieux, beaucoup plus vil. Au début ça lui faisait du bien, une petite dose par-ci par-là, ça le libérait de ces choses, de ces mots à transmettre cachés dans sa tête. Et puis, rapidement c’était devenu un besoin. Encore. Encore. Encore. Encore. Et toujours plus, toujours plus fort. Pour moins sentir, pour moins exister, parce que sans t’existe plus, tu n’es plus tu ne vis plus puisque tu vis pour ça.
Il avait maigrit, lui qui n’était déjà pas très épais, son visage s’était dur
ci, il était devenu une loque.
Mais, tout ne semblait pas perdu pour lui.
Un jour, il fut agressé dans une ruelle du Bronx, non, il n’était vraiment pas bien cette fois-ci. Heureusement pour lui, quelqu’un l’aida et l’emmena chez lui.
C’est ainsi qu’il rencontra son Senseï. John Kerniss, un grand nom du monde underground de NYC, un tatoueur très prisé.
Ce type le sortit de la misère et le prit comme apprenti. Thomas découvrit à son contact sa passion pour le tatouage. Il avait toujours été obsédé par le corps et sa beauté naturelle, pour lui tout corps était beau. Et là, se sentir artiste, sentir que l’on inscrit sa marque sur un corps que l’on peut palper avec la pulpe de ses doigts. Un corps sur lequel on a pas le droit à l’erreur et que l’on se doit de sublimer. Il resta 5 ans à son contact et devint par la suite son associé. Bien sûr, il se dopait toujours, mais moins qu’avant : il se sentait mieux. John était un homme ouvert et était prêt à veiller sur lui lors de ses crises, puis l’argent qu’il gagnait en exerçant son nouveau métier lui permettait de soutenir financièrement sa mère.
Mais la vie est une sadique qui se doit de cueillir les fleurs de bonheur avant que celles-ci ne puissent éclore.
Le salon de tatouages de John Kerniss ferma pour des « raisons sanitair
es et de refus de mise aux normes » dira-t-on. Mais les raiso
ns en sont plus obscures, guerre de pouvoirs, ennuis avec la justi
ce, ou peut être juste les élitistes de la ville ne supportant pas que les parias puissent s’exprimer. On en saura jamais rien.
Kerniss se suicida à la suite de la ruine de l’œuvre de sa vie : Un grand capitaine coule toujours avec son navire.
Et Thomas Perdit pied.
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J’ai mal.
Encore un soubresaut agite mon corps endolo
ri.
Il va se passer quelque chose, je le sais, je le sens. Mais les autres ne comprennent pas. Et moi je continue de parler, je dis des choses qui n’en sont pas.
Et encore mes os se glacent, puis brulent l’instant d’après.
Et puis, je ne sais pas pourquoi, je me lève. D’où me vient cette soudaine force moi qui n’ai ni bougé ni mangé depuis des jours ? Des semaines peut être ? Je ne sais même pas comment je tiens sur mes jambes, et je n’ai pas fini de m’interroger que déjà je cours, je m’élance dans la rue. Combien de temps ai-je couru ? Le temps de deux pas ou pendant des heures ?
Je perds pieds et je tombe sur le bitume qui cogne si fort contre mon crane. Ma vision se brouille la seule chose qui s’offre à mon regard c’est le béton, je ne sens plus aucun de mes membres et pendant le laps de temps qui me sépare de l’inconscience je fixe avec amusement les fentes dans les bétons, comme je le faisais souvent sur le chemin de l’école…
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« Thomas ? Ici le Dr Kristen… Thomas vous êtes à l’hôpital et je suis le docteur Kristen… »
J’entends une voix au milieu de mon rêve, j’entends une voix qui me parle mais tout ce que j’entends c’est.
[Ground Control to Major Tom
Ground Control to Major Tom]
« Thomas, comment vous sentez vous ? »
J’aimerai répondre, mais ma bouche est comme scell
ée, trop lourde pour vouloir bouger.
[I'm stepping through the door
And I'm floating in a most peculiar way
And the stars look very different today]
« Thomas ? Est-ce que vous pouvez m’entendre ? Est-ce que vous pouvez m’entendre… »
Quoi ? pour tout ce que j’entends c’est :
[Can you hear me, Major Tom?
Can you hear me, Major Tom?]
Au fond oui, Je ne sens plus grand-chose, je flotte … je suis major Tom, vous m’entendez Ground control ?... je suis major Tom.
[Though I'm past one hundred thousand miles
I'm feeling very still
And I think my spaceship knows which way to go]
« Thomas ! On est en train de vous perdre ! quelques chose ne va pas ! THOMAS ! Est-ce que vous m’entendez ? est-ce que vous m’entendez ?? Est-ce que… »
[Ground Control to Major Tom
Your circuit's dead, there's something wrong
Can you hear me, Major Tom?
Can you hear me, Major Tom?
Can you hear me, Major Tom?
Can you....]
L’abîme encore une fois m’accueille alors que les images dansent et s’animent devant mes yeux
[Here am I floating round my tin can
Far above the Moon
Planet Earth is blue
And there's nothing I can do]
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Xx/xx/xx
Journal du Dr Taylor.Il s’est passé récemment un événement incroyable dans ma vie, une chose qui m’échappe au plus au point et me trouble encore maintenant.
Je travaillais avec un nouveau patient récemment admis dans notre service : Thomas, un junkie écorché sortant tout juste d’une overdose. Je le fréquentais déjà depuis presque un mois et il me parlait souvent de ses « crises hallucinatoire » il m’était arrivé d’en gérer quelques-unes, seulement des lambda. Mais j’ai dû assister à l’une de ses véritables crises prophétiques.
Tout allait pour le mieux, je discutais avec lui de son sevrage qui était assez difficile quand plusieurs médecins entrèrent dans la pièce. J’allais me lever pour les saluer quand, en glissant mon regard vers Thomas je vis que celui-ci avait étrangement pâlit. Puis tout se passa très vite, il se mit à trembler de manière incontrôlable et se tenait la tête comme si celle-ci menaçait d’exploser, il tomba à terre et se mit à convulser. Nos réflexes de médecins prirent tout de suite le dessus. J’ordonnais à deux d’entre eux d’aller chercher une infirmière tandis que j’agrippais ses chevilles et criais à Smith, mon confrère cardiologue présent pour m’aider, de plaquer ses poignets au sol pour éviter qu’il ne se fasse mal lors des convulsions.
Mais à peine celui-ci eut-il touché ses poigne
ts, que Thomas arrêta de convulser, et se figea en tremblant les yeux révulsés déblatérant encore et toujours la même phrase pendant deux minutes.
« Du gui pousse sur sa poitrine, du gui pousse sur sa poitrine. Et le druide ne peut point couper le gui qui pousse sur sa poitrine. »Nous nous regardâmes surpr
is par ces étranges paroles, mais déjà les tremblemen
ts se firent moins fort. J’essayais d’établir un contact avec Thomas en lui parlant, mais celui-ci semblait épuisé. Fiévreux il fixait un point imaginaire de ses yeux vitreux.
Cet incident date d’il y a environ un mois. On peut se demander si cela n’était pas qu’une simple crise d’hystérie, mais je pense que c’est plus que ça… Bien plus que ça.
Aujourd’hui j’ai reçu un message de Smith. On lui a diagnostiqué une Tumeur cardiaque, un comble pour un cardiologue.
Le druide ne peut point couper le gui qui pousse sur sa poitrine.
C’était mot pour mot la vision de Thomas.
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C’est un nouveau jour qui démarre pour moi, je change d’air, je change de vie. Je n’ai pas réussi à sortir de mes problèmes de drogue, mais ce n’est pas une défaite… je ne suis pas aussi misérable qu’avant, grâce à Jefferson surtout.
Thomas Lewis est mort. Il était un junkie mort d’overdose.
Maintenant il ne reste plus que Major Tom.
Maintenant on m’appelle Tom Floyd.
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Jefferson Taylor serra une dernière fois le jeune homme qui faisait le double de sa taille dans ses bras, puis il regarda sa silhouette traverser l’aéroport. Il garda son regard fixé dessus, jusqu’à ce qu’elle soit noyée par le fl
ot de gens allant et venant entre les différentes portes d’embarquement.
Il espérait que la nature et le recul feraient du bien à son petit protégé. Il avait un contact à Sygridh, qui lui avait parlé de cette ville, ne tarissant pas d’éloges au sujet des bienfait
s de cette île mystérieuse. Tom n’avait pas semblé retissant à l’idée de quitter New-York, mais plutôt à l’idée de le quitter, lui son bienfaiteur, après sa sombre passe dans les squats de Manhattan, le docteur avait été son point d’ancrage, sa base, son ground control. Mais il avait réussi à le convaincre de voler de ses propres ailes et d’aller ouvrir sur cette ile ce salon de tatouage dont il rêvait tant.
Il était heureux et espérait vraiment que la vie allait se montrer plus clémente avec son petit écorché vif.
I'm happy, hope you're happy too