Roosevelt Hospital – Service psychiatrique
Il y a 5 ans
Hope a 16 ans
On m'a isolé dans une petite salle du service psychiatrique. On ne m'a pas dit pourquoi.
J'espère qu'ils ont enfin fini avec tous leurs examens à la con. J'en ai vraiment ras le cul de leurs histoires. Ils pouvaient pas me laisser tranquille ? J'ai rien fait de mal, j'ai tué personne. Y'en a qu'on laisse tranquille alors qu'ils font bien pire que moi. En plus cette salle, elle pue. Ça sent l’hôpital avec les odeurs de médoc, de javel et de formol. Enfin, ça sent plutôt la mort. Et puis les murs sont jaunes. Pas un joli jaune vif et joyeux. Non. Un vieux jaune pisseux. A croire qu'ils se sont servis de la pisse des patients pour repeindre les murs. Et le plafond. Et puis au fond il y a ce tableau qui me fait de l’œil. Il est moche mais ce n'est pas ça qui me dérange le plus. Il n'est pas droit. Ça se voit comme le pif au milieu de ma figure, comment ils ont fait eux pour ne pas le remarquer ? Ça me démange de me lever et d'aller le redresser. Mais je ne peux pas. Ils m'ont menotté à cette foutue chaise.
Quelqu'un entre dans la pièce. Ce qui stoppe net ma contemplation de la déco. C'est ce fameux inspecteur qui est entré. Un type noir, la quarantaine, plutôt baraqué. Il m'a dit l'autre jour que c'était lui qui s'occupait de mon dossier. Un certain lieutenant Stevens il me semble. J'ai du mal à retenir tous les noms de ceux qui « s'occupent de mon dossier ». Il y en a tellement. Depuis le début ils me baladent d'un service à un autre. Ils me tripotent de partout, me font des piqûres, m'examinent de fond en comble. Heureusement j'ai échappé au toucher rectal. Enfin pour l'instant. Ils me demandent mon nom, mon âge. Ils me posent 10 000 questions. Mais je ne veux pas leur parler. Je ne dois rien à ces mecs. C'est de leur faute si je suis dans cette situation. Ils m'ont même fait le coup du flic gentil et du flic méchant. Il y en a un qui vous gueule dessus en vous faisant les pires menaces qui existent pendant que l'autre vous brosse dans le sens des poils. Mais je ne suis pas dupe. Je n'ai pas eu peur. Et l'autre qui a essayé de m'amadouer, il a bien perdu son temps lui aussi. Mais avec le type qui vient de rentrer ce n'est pas pareil. Lui, il en impose. Il serait capable de m'arracher la tête rien qu'en m'en foutant une. Il prend une chaise et s'assoit en face de moi. Trop près. Il a une drôle d'expression sur le visage. Une expression qui veut tout dire. Oui, elle dit : « Bon maintenant, fini de jouer, on va passer aux choses sérieuses ». Il ne parle pas tout de suite. Il me regarde droit dans les yeux. Je le regarde aussi. Je ne baisse pas la tête. Plutôt crever que de lui procurer cette satisfaction. Puis il se met enfin à parler. .
- Tu te souviens de moi Red Fussy ? Ou devrais-je dire Hope ? Hope Winchester ?
Je ne peux pas m'empêcher d'écarquiller les yeux, ce qui le fait sourire. Merde. 1 – O pour le poulet. C'est lui qui gagne la manche. Mais ça ne veut pas dire qu'il va gagner la partie. Rien n'
est encore joué.
- Ouais je m'appelle Hope. Et alors ? Ça fait quoi ?
- Ça fait que toi et ta famille vous êtes recherchés depuis plusieurs années déjà. Tu as un frère jumeau, du nom d'Owen. Vous êtes nés à Seattle il y a 16 ans de cela. Vous vous êtes fai
ts pas mal remarquer et puis on a perdu votre trace. Il semblerait que vous vous soyez réfugiés dans un trou paumé de Russie, et puis plus de nouvelles. Et te voilà maintenant qui réapparaît à New York. Mais sans tes parents ni ton frère.
- Qu'est-ce que vous reprochez à mes parents ?
- Et bien, pas mal de choses en fait. Il s'avère que ton frère et toi vous avez été adoptés. Tu le savais ?
Je fait oui de la tête. Owen et moi, nous n'avions pas du tout la même tête que nos parents. Fallait pas être médium pour deviner qu'ils n'étaient pas du même sang. Et puis, ils n'avaient aucune capacité spéciale eux. Pas comme nous. Même si on n'a jamais vraiment posé la question, c'était évident.
- Bien. Il s'avère que les services sociaux, à l'époque, avaient des doutes sur votre éducation. Quand on confie à des parents des petits orphelins, il y a toute une procédure à suivre. Faut que les parents nous montrent, les premières années en tout cas, qu'ils sont bien investis dans cette nouvelle mission. Au début ça a été. Mais quand vous avez eu 5 ans, des voisins ont fait un signalement. Ils ont entendu des cris et des bruits d'objets qu'on cassait et qui se fracassaient à terre. Il y a eu des visites des services sociaux et on a demandé à voir vos parents en audience. Mais ils se sont jamais pointés. A la place il ont pris un billet d'avion direction la Russie. Depuis, vous êtes fichés.
- J'en savais rien.
- Tu m'étonnes mon bonhomme, t'avais que 5 ans en même temps, toi t'es innocent dans cette histoire.. enfin, c'est pas ça qu'on te reproche à l'heure actuelle.
- M'appelez pas « mon bonhomme »...
- Je t'appelle comme je veux. Bien, je continue. On sait que c'est bien toi car on avait gardé vos empreintes digitales. Tu as débarqué à New York clandestinement il y a deux ans. Tu es revenu, mais pas vraiment comme il le fallait. T'aurais pu t'adresser à l'ambassade des States en Russie, ou bien même venir nous voir quand t'as regagné le pays. Mais non, t'es allé te fourrer dans des sacrées emmerdes. Sérieux, qu'est-ce que tu foutais dans ce gang hein ? A l'heure actuelle on te donne une chance de t'expliquer. Parce que tu vois mon garçon....
- M'appelez pas comme ça...
- Ta gueule. Je disais, tu vois, à l'heure actuelle je suis le seul à prendre encore ta défense. Les autres dehors, ils veulent te mettre au trou. Mon chef veut te foutre dans un camp de redressement pour jeunes délinquants. Quand au docteur Watson, lui c'est dans un asile qu'il va te balancer. Alors deux solutions. Ou tu me parles et je vois ce que je peux faire pour toi, ou je te laisse entre les mains de mes collègues. A toi de choisir.
2 – 0 pour le poulet. La partie se gâte. Je crois que je n'ai pas le choix. Je n'ai pas envie de finir au trou. Je soupire.
- Bon d'accord... je sais pas par où commencer.
- Commence par m'expliquer ce qui s'est passé en Russie.
- Ouais pas con. Ben on était heureux avec nos parents. Les objets cassés c'étaient pas de leur faute en fait. C'était Owen et moi. On était pas des gamins faciles. Mais ils nous aimaient quand même. Ils ont un sacré mérite en fait... Mais bon, ça a mal fini. Les voisins nous aimaient pas. Et là bas, dans la Russie campagnarde profonde, ils rigolent pas. J'ai essayé de calmer le jeu mais ça n'a pas marché. Ils ont débarqué et ont tout saccagé. Ils ont buté mes parents et mon frère. Moi je me suis enfui … comme un lâche, la queue entre les jambes.
Le flic en face ne peut pas s'empêcher de glousser.
- C'est pas drôle.
- Pardon, continue.
- Ouais je disais je me suis barré. Je me suis planqué dans une grange et ils y ont mis le feu. J'ai le dos qui a morflé, mais finalement je m'en suis bien sorti. J'ai rejoint une maison et le père de famille m'a amené à l'hosto. Là bas ils m'ont posé des questions mais sur le coup j'étais choqué et j'ai pas réussi à parler. J'étais devenu à moitié amnésique. Le drame me revenait en flash mais c'était trop douloureux donc mon cerveau rejetait les souvenirs. Finalement une fois soigné, ils m'ont mis dehors et j'ai pas mal erré, comme un clodo. J'ai rejoint un groupe d'enfants des rues. C'était assez chouette en fait. On se sent pas mal en sécurité quand on se fond dans une masse avec d'autres gosses paumés. Et puis un jour je suis tombé nez à nez avec l'un des villageois qui avaient tué ma famille. Je me suis souvenu de tout, d'un coup. Je me suis rappelé du drame, de mon frère, de mes parents, de mon histoire. Et j'ai pris peur. Le type a tenté de me poignarder. Je me suis enfui... encore. Pour être tranquille je voulais quitter ce pays de barges. Je me suis souvenu que j'étais né à Seattle. Donc j'ai rejoint les States comme j'ai pu. J'ai pas mal galéré d'ailleurs. J'ai mis plusieurs mois à rentrer au bercail. Finalement j'ai atterri à New York. Ça m'allait bien alors j'y suis resté. Et puis je me suis fait une nouvelle famille. Encore des gosses des rues. J'étais un peu leur bouche trou, leur bonne à tout faire. Mais j'étais bien. Je me sentais accepté et en sécurité.
- Et puis on t'a arrêté.
- Ouais.
Je me tais, le type aussi. On passe pas mal de temps comme ça à se regarder et à écouter les mouches voler. Sauf qu'il n'y a aucune mouche dans la pièce. Je crois qu'il a besoin d'un peu de temps pour digérer l'histoire. Il ne me croit peut-être pas. Moi, je me rends compte que j'ai des sueurs froides. Les souvenirs sont douloureux. Ça fait mal et je tremble. Je ne suis jamais très bien quand je raconte mon histoire. Faut dire, il y a de quoi péter un câble. Après tout, j'ai abandonné mon propre frère pour sauver ma peau. Je me suis enfui comme un lâche. Je l'ai laissé à la merci de ces tarés. Dieu sait ce qu'ils ont pu lui faire. Owen … Jamais je ne me remettrai de cette perte. Il était tout pour moi, même si en grandissant on commençait à s'éloigner l'un de l'autre. N'empêche que c'était mon jumeau. On avait notre propre langage, on adorait finir les phrases de l'autre et puis surtout, on s'amusait bien à échanger nos places. Les autres ni voyaient que du feu, même les parents. Bref des vrais jumeaux quoi. C'est un peu comme si j'avais perdu une partie de moi même. Le poulet reprend la parole. Il avait fini de réfléchir.
- Je vais voir ce que je peux faire, je te tiens au courant.
Puis plus rien. Il se lève, remet la chaise à sa place et sort. Mon cœur se met à battre si fort que j'entends les pulsations dans ma tête. Il s'en va, juste comme ça. Il me laisse dans cette pièce pourrie. Je ne peux pas m'empêcher de crier, de l'appeler. Je veux qu'il revienne, qu'il me dise ce qu'il va se passer. Finalement le poulet gagne la partie par KO. 3 – 0.
Deux heures plus tard, j'ai arrêté de crier. Personne n'est venu me voir. J'ai envie de pisser. Mais je suis toujours attaché à cette chaise. Mon regard de tourne vers une plante qui est posée à un mètre de moi. Ça fera l'affaire. Je me tourne avec la chaise, je vise bien et quelques secondes après je me sens si soulagé que je pousse un petit gémissement de plaisir. J'ai aucun remord. C'est eux qui m'ont oublié là, tant pis pour ces guignols. Je pourrais même porter plainte tellement c'est inhumain de laisser quelqu'un dans une salle glauque pendant plusieurs heures sans même venir vérifier s'il va bien, s'il n'a besoin de rien. Trois heures plus tard, toujours rien. Je suis affalé sur la chaise. Je me suis mis à compter les carrés du carrelage. Ils étaient petits et nombreux et ça m'occupait bien l'esprit. J'en suis à 2876 quand la porte s'ouvre. Merde je n'allais jamais savoir au final combien il y avait de carrés sur ce foutu carrelage. Mais je suis vite consolé. C'est le lieutenant black qui est revenu. Il me détache et me dit de venir avec lui. J'hésite un moment. Mais comme il disparaît dans le couloir sans même regarder si je suivais je détale comme un lapin pour le rattraper. Finalement, je reviens dans la pièce quelques secondes plus tard, je redresse ce foutu tableau et je fonce à nouveau dans le couloir parce que maintenant le flic a pris une bonne avance. Je finis par le rattraper et je le colle aux basques, histoire de ne pas le perdre. Sait-on jamais. Je n'ai pas envie que les blouses blanches ou les autres flics me plaquent au sol et me remettent au cachot. Tout le monde nous regar
de bizarrement. Mais je m'en fo
us. Je jubile. Je suis libre. Le grand black sort du bâtiment et monte dans une voiture. J'hésite encore. Finalement il ouvre une vitre et me crie dessus.
- Monte dans cette foutue voiture ou je te plante là.
Je me précipite dans la voiture, côté passager. J'attache bien ma ceinture et je ne bouge plus d'un centimètre. Ouais, que voulez-vous que je vous dises, ce type a une autorité naturelle. Je me sens comme un chien devant son nouveau maître. Et puis je m'en fo
us, je suis libre !
Quartier Kensington - Brooklyn
De nos jours
Hope a 21 ans
Je regarde par la fenêtre du petit snack typiquement new-yorkais dans lequel on se trouve. Dans la rue, les gens vont et viennent comme si de rien n'était. Une vielle promène son chien, un sac pour ramasser les merdes dans une main. Un type en costard regarde sa montre en avançant d'un pas déterminé et pressé. Une jolie nana en mini-jupe marche le téléphone à l'oreille et un sac de shopping dans l'autre main. Oui tout semble normal. Et pourtant … Pourtant, il y a quelques heures j'ai frôlé la mort.
- T'inquiète Hopy c'était rien du tout, juste une petite escarmouche. T'es toujours entier, c'est tout ce qui compte.
- Ouais, facile à dire, c'est pas toi qui t'es retrouvé avec un flingue sur la tempe.... et m'appelle pas comme ça !
- Je t'appelle comme je veux. C'est moi le boss ! Et puis tu sais pas de quoi tu parles. Des flingues braqués sur moi ça m'est arrivé bien avant toi.... et pas qu'une fois. Quand toi tu te baladais tranquillement chez tes parents en couche culotte, moi j'attrapais déjà les méchants. Alors arrête de te plaindre et mange ton petit déj. Sinon je me charge de tes pancakes. C'est ça être flic. Ou tu t'y fa
is ou tu dégages. C'est toi qui vois.
Je souris. Rien avait changé depuis la première fois que j'avais rencontré Eddy dans cette pièce jaune de la clinique, il y a cinq ans. En fait si. Beaucoup de choses dans ma vie avaient changé. Mais pas la relation que j’entretenais avec lui. Il m'avait pris sous son aile et avait fait de moi un flic. Qui l'eut cru ? Pourtant s'était arrivé. En y réfléchissant je me demande encore comment il a fait pour me convaincre.
J'avais passé deux ans dans un lycée situé au centre de Manhattan. On m'avait filé un logement. Les services sociaux avaient accepté de me payer les frais de scolarité, qui étaient les moins chers de la ville, sous réserve que je devienne un élève sérieux et que je respecte ma part du marché. Je venais bosser au commissariat d'Eddy, mon nouveau mentor, tous les soirs après mes cours et le week-end. J'y bossais en tant que bénévole. C'était le deal. Soit je suivais les règles soit on me renvoyait au trou. Je n'ai pas réfléchi longtemps. D'autant que je me sentais bien avec le lieutenant. Il me faisait faire tout le sale boulot. De la paperasse surtout. Trier les dossier, ranger le bureau, faire le café. Mais bon je ne me plaignais pas. Je me sentais soutenu pour la première fois depuis longtemps. Il m'avait pris en pitié et s'occupait de moi. Ça me suffisait. Je supportais même les regards haineux que me lançaient les autres flics. Ouais, je n'étais pas vraiment apprécié, au début en tout cas. Mais on me laissait tranquille. Le lieutenant Stevens, fallait pas trop le chercher. Il était responsable de la section criminelle du bâtiment. Les autres ont fini par m'accepter malgré les premières réticentes.
Finalement j'ai été diplômé. On a jeté mon casier judiciaire à la poubelle – enfin, façon de parler, il est toujours là quelque part mais au moins on ne me l'agite plus sous le nez pour me menacer. J'ai réussi le concours d'entré assez facilement et je suis devenu flic sous les ordres du lieutenant. Je suis en même temps devenu son coéquipier et on ne s'est pas quitté depuis. Il m'a appris tout ce que je sais. Je ne serai pas devenu ce que je suis aujourd'hui sans lui. Je lui dois tout à ce mec.
- Et, si tu te dépêches pas de manger, je vais t'en mettre une.
Ouais, je lui dois tout.
- C'est bon, c'est bon... je vais les manger tes putains de pancakes à la con. Bon, c'est quoi la suite ?
- La suite ? Je te signale qu'on vient de passer une nuit entière en filature. Le mec qu'on suivait est au trou, c'est bon, on a bien fait le boulot. Je pense qu'on a le droit de rentrer et de se reposer un peu.
- Je veux pas rentrer.
- Je te signale que, moi, j'ai ma femme qui m'attend, si tu vois ce que je veux dire.
Il me fait un clin d’œil. Je souris. Je vois parfaitement ce qu'il veut dire.
- Ouais.
- Et puis c'est l'anniversaire de Tracy aujourd'hui. Je lui ai promis que je serai là.
Il a de la chance, Eddy. Il a une femme et deux gamines de 8 et 11 ans. Il a fait son trou confortable et il n'en bouge plus. Moi je n'ai personne qui m'attend quand je rentre chez moi. Je sens le regard de mon mentor posé sur moi. Il me regarde bizarrement, d'un air grave.
- Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- J'ai un truc à t'avouer Hope.
Ha, là ça devenait sérieux. Je n'aimais vraiment pas quand il me faisait cette tête là. Merde. J'avais encore fait un truc qu'il ne fallait pas ? Je commence à paniquer.
- Ouais c'est bon j'avoue tout. Je l'ai frappé, mais c'est de sa faute aussi ! Fallait pas qu'il vienne foutre son nez dans mes affaires et …
- C'est pas de ça que je veux parler. Mais c'est intéressant, fais moi penser qu'il faudra que tu me reparles de ça plus tard ….
- Ha... ouais on verra plus tard.
En tout cas ce n'est pas moi qui relancerai la conversation. J'espère qu'il l'oubliera vite dès qu'il sera rentré chez lui. Il me lance un dossier sur la table. Je le reconnais aussitôt. Il n'a pas arrêté de le trimballer avec lui depuis la veille. Mais je ne lui ai pas posé de question. Je sais très bien que pour ce genre de trucs faut que j'attende qu'il fasse le premier pas, sinon je risque de m'en prendre une.
- Y'a quoi là dedans ?
- Un dossier sur ton frère.
L'information met du temps à monter tellement elle est énorme. Mon …. frère ? Owen. Bordel de quoi il parle ! Mon frère est mort depuis des années. Pourquoi il me balance ça, là, maintenant ? Et comme ça en plus. Ma bouche a du mal à s'ouvrir et je mets un peu de temps avant de reprendre la parole.
- Q.... Quoi !?
- Ouais, ouvre l'enveloppe.
Je m’exécute. Mes mains tremblent et des perles de sueur envahissent mon front.
- C'est le type de la brigade anti terroriste qui m'a filé ça. Pour toi. Avec l'accord préalable des supérieurs évidement. Mais je voulais étudier un peu plus le dossier avant de te le donner. Pour vérifier sa solidité. Et c'est du solide crois moi ! Apparemment, ton frère ferait partie qu'une sorte de cellule ou de mafia russe clandestine. Ouais je sais ça parait loufoque et bancal. Mais regarde les photos, c'est bien lui. Owen Winchester. On dirait toi en un peu moins baraque et un œil en moins. Son association est assez mal en point en ce moment et on l'a envoyé sur une île nommé Sygridh. On n'en sait pas plus. Bref j'ai fait des pieds et des mains pour te trouver un nouveau poste, là bas. Tu commences la semaine prochaine. Tiens ça c'est ton billet d'avion. Aller simple. Tu pars dans trois jours. Et t'inquiète pas pour les formalités de ton logement et tout, j'ai déjà tout réglé. Je t'ai même trouvé un logement là bas déjà. Ha oui et le big boss est d'accord. Et eux là bas aussi. Paraît qu'ils manquent de bonnes recrues et ils étaient ravis d'apprendre qu'un petit jeune motivé et dynamique comme toi allait venir les aider.
Je reste longtemps bloqué sur les photos. Owen... Oui c'est bien lui. Mais comment c'est possible ? Puis mon regard se pose sur le billet et puis sur le visage tout sourire d'Eddy. Les informations commencent à peine à intégrer mon cerveau qui semble tourner au ralenti. Puis je percute tout. D'un coup. Je ne sais plus quoi dire. J'ai même les larmes qui me montent aux yeux. Finalement, j'arrive à baragouiner un truc, mais je n'entends même pas ce que je dis.
- Merci …..